AU DESSUS DE LA HAINE

  • Jérôme E.
    AU DESSUS DE LA HAINE

    Ce nouveau roman de Claire Fournier est une histoire d’eau de mer entre la Baltique et l’Iroise, d’eau de « vie » au sens que l’on donne à l’amour, le vrai, celui de toujours qui, au fil des complexités inhérentes aux temps de guerre, réunit les amants dont les jaloux eussent voulu qu’ils ne se rencontrassent jamais.

    Nous sommes en 1943, non loin de Brest, pointe de la Bretagne, mais aussi ponant du bout de l’Europe, d’ici l’on ne va nul part, la mer sert de frontière, et cette évidence géographique si facile à signifier mais inabordable dans ce qu’elle est au quotidien, Claire Fournier l’évoque mieux que personne sans pour autant jamais la signifier. (Seuls, peut-être, Bretons et Corses comprendront ce que je veux dire.)

BLANC COMME CLAIRE

  • Jérôme E.
    BLANC COMME CLAIRE

    Pour moi, je l’écris avec une absolue conviction, Ariste est le premier grand livre de littérature française du XXIème siècle traitant de la passion destructrice, de la liberté absolue d’aimer et de la renaissance en 1000 pages dont il faut venir à bout, retenir, reprendre, absorber, intégrer car ce livre se prend plus qu’il ne se lit. On s’y plonge et on ne s’en remet pas. On voudrait le donner à toutes les femmes et tous les hommes qu’on aime pour leur dire: “ Lisez, vous verrez, c’est possible. D’aimer. De s’aimer.” On voudrait copier coller des passages et les envoyer, les partager avec celles et ceux qui nous touchent, nous bouleversent et comptent vraiment dans nos vies.

DE SOCRATE A BEAUVOIR

  • Jérôme E.
    DE SOCRATE A BEAUVOIR

    Je vais juste commencer par un bémol. Une seule page, la 72, est réservée à Schopenhauer, là où Kant et Rousseau, en prennent 4 chacun. Jean-Jacques, je ne dis pas, mais le double pour Emmanuel (que je déteste) face à Arthur que j’idolâtre = déception. Nonobstant cette rogne de lecteur capricieux, les 110 pages de Dessine-moi la philo sont extraordinaires de justesse et d’intelligence accessible à tous, grands et moins grands. J’ai même décidé d’offrir le livre à ma nièce de 13 ans. La philo viendra plus tard mais au moins aura-t-elle le temps d’absorber quelques notions essentielles.

    Le livre est divisé en 9 parties : L’antiquité grecque, le moyen-âge, la Renaissance, les XVII, XVIII, XIX & XXème siècle, la philo fin de siècle et celle des femmes. En tout, 34 courtes biographies personnifiées ou thématiques, regroupant l’essentiel de la philosophie occidentale. Malice et espièglerie, lit-on sur la dernière de couv., c’est mieux que ça, je propose : facétie et grosse rigolade, doublé d’un remarquable tour de force, parce que résumer l’oeuvre d’Arthur Schopenhauer (j’y reviens) en 12 courtes lignes bien tournées et deux caricatures assez justes : chapeau Nono !… Egalement pour m’avoir fait découvrir John Locke, précurseur anglais des Lumières, et redécouvrir Wittgenstein, peu connu en France mais très célèbre en Allemagne où je réside. Un cadeau intelligent pour moins de 15 €. Ah oui !… J’allais oublier, page 42, la caricature consacrée à Spinoza (qui n’est pas un bandit Corse !) est à pleurer.

DIGNE DES GRANDS AUTEURS POPULAIRES DES ANNEES 60 & 70

  • Jérôme E.
    DIGNE DES GRANDS AUTEURS POPULAIRES DES ANNEES 60 & 70

    A tous les amoureux de la littérature populaire des années 60 & 70, le livre de Françoise Gehannin, Tatiana Lafumette ou la guerre des branchés, rappellera les histoires dansantes et pittoresques des romans de Marie Cardinal, Christiane Rochefort, Janine Boissard, excusez du peu ! et pourquoi pas Nicole de Buron. C’est drôle, plein d’esprit et sans prétention, c’est à dire avec toute la modestie du travail bien fait.

    Je l’ai kifé dés la première page Tatiana, lorsqu’ elle sort de chez son psy en se demandant si elle rentre chez elle ou pas. Ceux qui sont en analyse comprendront… Ensuite, j’ai aimé les détails. Tous les détails. Françoise Gehannin ne se contente pas d’évoquer un simple portable qui sonne, non, elle vous en donne la couleur, la marque, la forme, vous décrit le type de sonnerie : classique ou « polyphonique » ; idem avec un manteau qui aurait pu rester un banal pardessus, que niet, l’on apprend qu’il est en « cuir verni noir serti d’une bande rouge orangée dans le dos (Albertta Feretti, 2371 euros, recommandé par Elle) »… je me régale de cette délicieuse caricature des bobos intra-muros. J’ai les mêmes en bas de chez moi, avec une préférence pour le personnage de Rosalie Vivien, plus entière, moins superficielle que les zozos de la fripe à pas-de-prix, Rosalie la séropo qui « n’aime pas le mot séropo (…) Cette façon de faire copain-copain avec le virus, de faire partie de son club ». On s’y attache, c’es ma favorite, oui, voilà très longtemps que je n’étais pas tombé amoureux d’une héroïne de roman. Un peu plus loin, Françoise Gehannin ose un rapprochement à pas piquer des hannetons ! entre l’oeuvre de Victor Hugo et le sida, là encore, il fallait oser et je suis plié en deux. Bref, une histoire dans laquelle on apprend que les filles sont désormais comme dans la chanson*, davantage pilules que pastilles et plutôt Vodka que Camomille. Un livre d’été, un livre d’hiver, de vacances et de travail dans les transports en commun ou en pose déjeuner. J’en ai acheté trois exemplaires pour les offrir.

LE PLUS BEAU ROMAN D'AMOUR

  • Jérôme E.
    LE PLUS BEAU ROMAN D'AMOUR

    Au delà de connaître mes auteurs favoris, on me demande souvent quel est à mon sens le plus beau roman jamais écrit et, autre question, quel passage de la littérature française je préfère.

    En ce qui regarde la première interrogation, je n’ai fait un choix qu’au sujet du roman d’amour. Il s’agit de L’Amant. Est-il encore besoin d’en signifier l’auteur ? Marguerite Duras en a vendu plus de deux millions d’exemplaires. C’est son plus célèbre livre. A mes yeux, il représente la quintessence de l’érotisme, des sentiments et de la passion réunis. Personne n’a fait mieux. D’autant que s’y rejoint la réponse à la seconde question concernant le plus beau passage de littérature francophone, qui est selon moi le dernier paragraphe de L’Amant. Je le relis très régulièrement à la faveur d’une déception passagère ou, au contraire, d’un souffle de vie heureux. Ce passage chasse le malheur autant qu’il assied le bonheur. Je n’ai jamais réussi à le lire à voix haute sans fondre en larmes. Sentimentalisme ? Sans aucun doute. Mais aussi parce qu’il s’agit d’une inaccessible leçon de littérature.